Saint-Guilhem-le-Desert

La fondation des abbayes d’Aniane et de Gellone s’inscrit dans le contexte historique et religieux de la région qui, conquise par les Francs au début du VIII° siècle, voit fleurir un grand nombre de monastères.
De sa fondation en 804 par Guilhem à sa reconstruction au début du XI° siècle, le rayonnement spirituel de Gellone ne cesse de s’affirmer. Le monastère, symbole du premier art roman languedocien devient une halte privilégiée sur le chemin de Compostelle. En 1998, l’Abbaye de Gellone est classée au Patrimoine mondial par l’U.N.E.S.C.O. au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France.

 

En 804, le comte de Toulouse et duc d'Aquitaine Guillaume (Guilhèm en langue d'oc) fonde une abbaye dans un lieu de la vallée de l'Hérault alors à l'écart de toute présence humaine, un "désert", le vallon de Gellone. L'abbaye est appelée abbaye de Gellone, ou, après son décès en 812, abbaye de Guillaume, et devient l'abbaye de Saint-Guilhem après sa canonisation en 1066.  Le porche de l'église date du XIIe siècle et le clocher du XVe siècle. La nef surprend par sa grande hauteur (18 mètres de haut) pour une largeur de seulement 6 mètres. Elle est composée de quatre travées, avec des arcs doubleaux. Le tout est soutenu par des pilastres. La nef et les deux collatéraux sont voûtés en berceau en plein-cintre. On peut observer des arcs de décharge sur les murs latéraux. L'abside quant à elle est à l'extérieur percée de 18 niches.    

 

                                                                                        

Le Cloitre  comprend trois périodes; La première qui est conservée, se situe au XIe siècle pour l'aile Nord et Ouest avec un petit morceau sur la partie Est. Elle ne comprend que peu de sculpture. La seconde période est la réalisation des galeries Est et Sud et à l'étage avec la construction le long des promenoirs Nord et Ouest. Cet ensemble est daté de 1205 par un texte parlant du nouveau cloître. Qui est doté de sculptures. La troisième période se situe vers 1300 et concerne la fermeture du cloître dans ses parties hautes au Sud et à l'Est. Cette partie comporte les colonnettes octogonales à chapiteaux primatiques.

Dans ce cloître, la décoration sculpturale laisse entrevoir la trace de quatre ateliers: deux de style roman, avec des feuilles d'acanthe et des personnages longilignes, les visages sans expression et deux de style gothique avec des personnages très naturel. Le cloître a été démantelé et ne possède plus que deux galeries (galerie nord, une partie de la galerie ouest). Le cloître à l'origine comportait un premier étage construit à la fin du XIIe siècle. La galerie nord est percée par une série d'arcades en plein cintre, reposant sur une colonnette centrale. Les sculptures du cloître vendues à Barnard en 1906 se trouvent aujourd'hui au musée The Cloisters à New York. Quelques pièces sont conservées à la Société archéologique de Montpellier.

 

Au moyen âge, l'abbaye détient des reliques précieuses, comme un morceau de la Sainte Croix, offert par Charlemagne à Guilhem. Avec la vogue des pèlerinages, cette relique et le culte de la sépulture de Guilhem attirent des foules de pèlerins. L'abbaye devient une étape très importante sur le « chemin d'Arles », un des itinéraires vers Saint-Jacques-de-Compostelle. Saint-Guilhem-le-Désert et son église, joyau de l’art roman languedocien, occupent un site sauvage à l’entrée des gorges du Verdus et du cirque de l’Infernet. L’itinéraire Via Tolosana ou itinéraire d’Arles vers Saint Jacques de Compostelle traverse la Vallée de l’Hérault. Il chemine entre garrigue et forêt, traverse les Gorges de l’Hérault pour atteindre l’Abbaye de Gellone.e pèlerinage, spécifiquement médiéval, honore la mémoire de Saint Jacques, frère de Saint Jean, identifié au travers de la légende comme l’évangélisateur de l’Espagne païenne au 1er siècle et le Saint Patron de l’Espagne. A partir du règne de Charlemagne, il est considéré, dans la péninsule ibérique, comme le « matamore » ou « tueur de Maures », assistant  les armées chrétiennes contre les sarrasins. Pour rendre hommage au Saint, les pèlerins se rendaient à la pointe Nord-Ouest de l’Espagne, au fin fond de la Galice, le bout du monde connu à cette époque …

 
De la place de la Liberté, le village déploie ses ruelles où l’on admire encore fenêtres à meneaux Renaissance, baies géminées et linteaux gothiques. Développé sur la rive gauche du ruisseau Verdus, le village est un village rue.
Fenêtres romanes ou Renaissance et arcatures révèlent l’identité médiévale de la cité. Le village compte à ce jour environ 250 habitants que l’on nomme les « Sauta Rocs ».
De la place médiévale où un surprenant platane  planté en 1855, déploie généreusement sa verdure, on peut faire plusieurs promenades à pied à la découverte du cirque du bout du monde aux falaises abruptes et des monts de Saint-Guilhem qui abritent une espèce rare : le pin de Salzmann.
L’église Saint-Laurent (fin XIe, début XIIe siècle), la tour des prisons (XIIe)ou encore le château du Géant, sont autant de témoins du riche passé de la cité...

Sous la protection des grands seigneurs féodaux, on assiste à la naissance de la plupart des villages de la Moyenne Vallée de l’Hérault qui, souvent,  s’organisent autour d’une église ou d’un château. En 1790, la Révolution accompagne la suppression des Congrégations monastiques. Les bâtiments conventuels des deux Abbayes Aniane et Saint-Guilhem-le-Désert sont vendus parmi les Biens Nationaux.

Nous avons été curieux de savoir la raison pour laquelle on fixait cette fleur sur les portes d’entrée. Nous avons appris qu’elle est un porte-bonheur. Les éleveurs du Larzac, par exemple, l’appelait « le soleil des herbes ». Elle a en effet un gros cœur jaune qui ressemble au soleil. Fixer la fleur à l’entrée d’une grange ou d’une étable permettait en quelque sorte de protéger le bétail. De plus la plante avait aux yeux du peuple, comme un pouvoir magique parce qu’elle permettait de prévoir le temps. Elle s’ouvre en effet, en son centre, comme le tournesol, pour capter la lumière solaire. Mais le cœur se resserre lorsque l’humidité tombe et que la pluie s’annonce. C’était donc pour les observateurs avertis qu’étaient les bergers, un baromètre qui permettait de prévoir la météorologie. Ce chardon porte le nom familier de cardabelle. Les bergers se servaient de ses feuilles épineuses pour démêler la laine de leurs bêtes.
Le XIXème siècle sonne l’heure de la révolution industrielle et de la monoculture viticole en Vallée de l’Hérault. Le chemin de fer se développe dans tout le secteur favorisant un commerce national des vins locaux. Dès 1907, la crise de mévente du vin entraine une révolte vigneronne sans précédent. Dans la première moitié du XXème siècle, la création du mouvement coopératif fédère les petits exploitants et permet de sortir de la crise.De nos jours, la Vallée de l’Hérault continue à vivre au rythme de ces traditions et se fait un plaisir de les partager avec le plus grand nombre.